Le SIBO, ou quand le microbiote part en sucette !

Vous n’avez jamais entendu parler du SIBO ? C’était aussi le cas pour Dora Moutot avant qu’elle ne digère plus rien, pète et enquête dessus. Son livre A Fleur de Pet, est désormais un véritable traité sur le sujet !

Comment as-tu acquis tout ce savoir sur les pets ?

Dora Moutot : je me suis intéressée à toute la littérature sur les pets, quand mon corps s’est mis à en produire sans relâche.

Je n’avais jamais eu de problèmes de digestion et voilà que j’ai commencé à avoir sans arrêt mal au ventre, être ballonnée, produire beaucoup, mais beaucoup de pets et a passer des heures au toilettes, constipée.

Pendant dix ans, j’ai erré médicalement sans trouver de solution concrète pour stopper mes pets. J’ai alors décidé de prendre le problème à bras le corps et de lire toute la littérature sur les pets : de gastroentérologie, de biologie… tout, alors qu’à la base je n’ai pas de formation scientifique !

Bref je voulais comprendre et surtout trouver une solution pour ne pas finir ma vie en usine à gaz.  

Qu’est ce que le SIBO ou Pullulation Bactérienne de l’Intestin Grêle ?

Dora Moutot : le SIBO c’est l’acronyme anglais de Small Intestinal Bacterial Overgrowth.

En français on traduit ça par Pullulation Bactérienne de l’Intestin Grêle (PBIG).

C’est une maladie qui touche le microbiote et le déséquilibre, ce qui donne des ballonnements, gaz et problèmes de diarrhée ou de constipation.

Et quand je parle de gaz, ce n’est pas juste quelques pets, comme tout le monde, c’est vraiment une production anormale, handicapante au quotidien, surtout lorsqu’on a une vie sociale.

Comment-ce que ton SIBO est apparu ?

Dora Moutot : mon SIBO est apparu après une longue prise d’antibiotiques.

Je n’arrêtais pas d’enchainer les cystites et un médecin m’a alors prescrit six mois d’antibiotiques pour m’en débarrasser une bonne fois pour toute. Cependant, il ne m’a pas donné de quoi protéger mes intestins, ainsi que mon microbiote et ça n’a pas loupé…

Le coup de grâce est ensuite venu d’Inde, où bien sûr j’ai attrapé une tourista qui a achevé le travail des antibiotiques.

Depuis, je n’ai plus jamais bien digéré !

Pourquoi est-ce que personne ne parle du SIBO en France ?

Dora Moutot : le microbiote et plus généralement les intestins ne sont pas bien connus. On s’y intéresse depuis peu, comme par exemple Julia Enders avec son livre Le Charme Discret de l’Intestin.

Si les médecins connaissent bien les infections intestinales, ils ne sont pas familiers avec la dysbiose, c’est-à-dire, le dérèglement de la flore intestinale, ou quand elle ne remplit plus sa fonction parce que déséquilibrée. Comme on ne comprend pas encore bien le mécanisme, il est difficile de proposer des traitements et donc de nommer et parler de ce problème.

Les études les plus avancées sur le sujet viennent, comme souvent, des États-Unis. C’est notamment sur ces études que je me suis penchée pour comprendre le SIBO.

Comment est-ce qu’on diagnostique un SIBO ?  

Dora Moutot : j’ai posé un nom sur le SIBO grâce à de nombreux livres et études. Les groupes de malades sur facebook m’ont aussi énormément aidé à comprendre ce que j’avais et à mettre un nom sur ma maladie. Je n’ai donc pas suivi le parcours habituel !

Mais si on veut faire les choses dans les règles de l’art, il faut commencer par un breath test. C’est un test respiratoire, qui permet de mesurer et identifier les gaz produits par la digestion.

On peut faire ce test dans les centres d’exploration digestive de plusieurs CHU en France. C’est là que je l’ai fait et qu’on m’a confirmé que c’était bien un SIBO !

Est-ce qu’on peut se débarrasser d’un SIBO ou d’une Pullulation Bactérienne de l’Intestin Grêle ?

Dora Moutot : pour traiter le SIBO, on prescrit… des antibiotiques ! Ça peut paraître étrange puisque c’est de là que vient mon problème de dysbiose, mais c’est en fait logique. On tue les bactéries qui n’ont rien à faire dans l’intestin grêle et on refait ensuite la flore avec les bonnes bactéries nécessaires.

Mais le problème dans mon cas,  c’est que le SIBO revient sans cesse ! Or on ne peut pas prendre des antibiotiques à vie pour s’en débarrasser. Ce qui me donne espoir, c’est que parmi les groupes de malades sur facebook, il y a des gens qui ont réussi a trouver la cause de leur SIBO et ensuite à s’en débarrasser durablement. Il faut donc trouver la cause originelle du SIBO pour traiter le problème plutôt que s’acharner sur le symptôme.

J’ai connu plusieurs personnes qui avaient un SIBO à cause de leur problèmes de thyroïde… cela peut venir de plein de choses. Je cherche encore ce qui provoque le mien !

Des stratégies pour péter en toute dignité quand on traite un SIBO ?

Dora Moutot : le meilleur conseil que je puisse donner c’est de vraiment prendre du temps pour soi.

Ce n’est pas grave de ne pas aller à une soirée parce qu’on a mal au ventre ou trop envie de péter. Il faut s’écouter et surtout arrêter de s’en vouloir d’être malade.

Pour en arriver là, j’ai lu pas mal de livres sur le développement personnel, j’aime bien aussi les citations inspirantes, ça m’aide au quotidien.

Bien sûr, la régularité du traitement, mais aussi du suivi des bonnes pratiques alimentaires pour empêcher le SIBO de pulluler est clef.

Et puis si autour on a des proches qui ne sont pas tolérants, ça permet de faire le tri, c’est pratique !

Envie d’en savoir plus sur le SIBO ?

Si cette interview vous a donné envie d’en savoir plus sur le SIBO ainsi que sur les pets, le livre de Dora, A Fleur de Pet se lit très facilement !

Vous pouvez également suivre Dora sur son groupe facebook d’entraide Sibo et transplantation fécale France, ainsi que sur son compte instagram @commenthackersesintestins !

Cet article a été publié le 15 juillet 2019 et a depuis été mis à jour par l’équipe.

La photo de couverture est signée : ©Chloé Romengas pour les Éditions G. Trédaniel