C’est un problème auquel certains d’entre vous ont dû faire face : l’hospitalisation. Comment les équipes médicales prennent-elles en charge le régime sans gluten dans les hôpitaux ? Nous avons tenté d’en savoir un peu plus en interrogeant patients et soignants.
La chaine et les maillons
« Le personnel m’a demandé si j’avais des allergies alimentaires. Je leur ai bien précisé « sans gluten et surtout sans blé « . J’ai eu pour premier repas du thé avec des biscottes normales. Ensuite du pâté en croûte, un feuilleté, des pâtes… ». Hospitalisée trois jours en 2014, Chana nous raconte son expérience. « Les médecins n’ont absolument pas pris en compte mon intolérance et n’ont pas jugé utile de le noter dans mon dossier. » Ce n’est qu’après avoir demandé à parler à un supérieur que Chana a pu bénéficier d’un repas sans gluten, avec du riz, du poisson, etc.
Tout comme dans les écoles ou les prisons, le régime sans gluten n’est pas spécialement bien pris en charge dans les hôpitaux. Pourtant, les équipes médicales l’assurent : comme tous les autres régimes thérapeutiques, le sans gluten est pris très au sérieux. « Quand nous avons à faire à un patient cœliaque ou sensible, les aides-soignants sont censés noter cette particularité dans le dossier de soins afin que l’information soit transmise au médecin, au diététicien et au service de restauration », explique Nadine Baclet, cadre supérieure de santé diététicienne à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. Tout est donc une histoire de maillons et de chaine dans laquelle, patient, aide-soignant, médecin, diététicien et agent de restauration sont impliqués. Ce qui nécessite donc une bonne communication et transmission de l’information.
Le sans gluten dans les hôpitaux, un manque d’information ?
Pour la diététicienne Arlette de Carvalho, le corps médical et les soignants en général manquent clairement d’information en ce qui concerne le sans gluten. Aujourd’hui, les médecins sont principalement informés par les visiteurs médicaux, or « les laboratoires ne font que peu de recherches à ce sujet, car ce n’est pas une maladie que l’on peut soigner par les médicaments. », explique Arlette de Carvalho, « les laboratoires pourraient jouer un rôle plus important dans la communication mais, aujourd’hui, seule l’AFDIAG (l’Association Française des Intolérants au Gluten) le fait ». Résultat, mis à part les nutritionnistes et les diététiciens, les autres services ne sont pas très au fait de ce que manger sans gluten signifie et certains ont tendance à confondre la maladie avec un effet de mode.
Heureusement, la plupart du temps (c’est-à-dire sauf erreur humaine), les patients diagnostiqués et malades sont pris en charge par le corps médical et les diététiciens ; et peuvent donc bénéficier d’un repas spécifique, enregistré grâce au logiciel informatique de prise de commande des repas par les aides-soignants. « Les régimes alimentaires sont dans leur formation initiale et pour éviter les erreurs, nous utilisons ce logiciel informatique qui leur permet de sélectionner les bons produits pour le repas du patient. » précise Nadine Baclet, « En revanche, dans le cas d’un régime choisi, il n’y a aucune prise en charge médicale. »
Prévoir et expliquer
Malgré tout, il peut y avoir un retard de prise à l’arrivée du patient et tous les produits sans gluten ne sont pas disponibles dans les hôpitaux, tout simplement car la demande est faible. Les deux diététiciennes insistent : il est essentiel d’amener ses propres réserves de pain, de biscuits (quand l’hospitalisation est prévue bien sûre !) pour les premiers repas, dont le petit déjeuner. Dans la chaine de l’information, le patient tient une place importante, comme l’explique Arlette De Carvalho : « Plutôt que de dire « je ne mange pas de gluten », il faut expliquer que l’on est intolérant, et que ce n’est pas un régime de confort, mais une réelle nécessité. ».
Cet article a été publié le 9 décembre 2015 et a depuis été mis à jour par l’équipe.
La photo de couverture est signée ©Icharbod Ipswich
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