Contrainte, discrimination, craintes… avoir un enfant cœliaque ou sensible au gluten est souvent source de angoisses pour les parents, surtout s’il va à la cantine. Le PAI sans gluten est une solution, mais loin d’être simple dans tous les cas…
Qu’est-ce qu’un PAI ?
Le PAI (Projet d’Accueil Individualisé) est « un document écrit, qui récapitule les aménagements permettant la scolarité de l’élève. Il concerne tous les lieux d’accueil fréquentés par l’élève dans le cadre de sa scolarité et tous les temps de celle-ci. Il peut être complété selon la nature de la pathologie de l’élève; Les aménagements sont engagés à la demande de la famille ou du chef d’établissement, mais jamais sans l’accord de la famille » explique l‘AFPSSU (l’Association Française de la Promotion de la Santé Scolaire et Universitaire), qui sensibilise tous les acteurs de la vie scolaire, afin de mieux intégrer les enfants dont l’accueil nécessite un aménagement.
Le PAI concerne tous les enfants qui ont un régime alimentaire particulier, mais aussi ceux qui doivent prendre un traitement à l’école, ceux dont l’accueil nécessite un aménagement particulier… bref ce dispositif n’est pas que pour les sans gluten ou les enfants qui ont des allergies alimentaire !
Le hic, c’est qu’en France, aucune loi n’oblige les collectivités à mettre en place un PAI, il peut donc être refusé. Mais sachez que le refus d’accepter un enfant allergique ou intolérant à la cantine représente une discrimination selon l’AFPSSU et que « si la concertation avec la collectivité locale n’aboutit pas, il convient de saisir le défenseur des droits qui, dans un rapport rappelle l’égal accès des enfants à la cantine » !
Avant d’en arriver au défenseur on vous rassure, si a ses débuts ce dispositif a généré beaucoup de craintes, de plus en plus d’acteurs sont désormais familiers avec cette démarche, qui tend à se démocratiser.
Comment mettre un place un PAI ?
La demande de PAI se fait à la demande des parents auprès du chef d’établissement ou de la personne responsable de l’établissement.
Si votre interlocuteur.ice n’est pas familier avec cette démarche, la circulaire 2003-135 précise toutes les modalités, le rôle et les responsabilités de chacun. Il suffit donc de suivre les instructions ! En cas de difficultés, vous pouvez bien sûr contacter l’AFPSSU qui pourra vous conseiller.
Mais une fois le PAI sans gluten mis en place, tout n’est pas forcément toujours plus simple pour les parents, dont voici les témoignages…
La galère du PAI sans gluten
« Pour mes deux enfants j’ai du faire un PAI sans gluten (Projet d’accueil individualisé). La cantine municipale ne fait pas les repas sans gluten car c’est trop compliqué à gérer », explique Marjorie, qui doit tous les jours préparer le repas de ses enfants.
« C’est une punition pour ma fille de manger à la cantine car les agents lui imposent sa place, là où son repas a été installé, et elle ne peut pas manger avec ses copines. »
Préparer les repas : le lot de tous les parents d’enfants qui doivent manger sans gluten. Une situation qui en exaspère plus d’un, surtout quand il s’agit de payer en plus les frais de cantine !
Une aberration qui commence dès le plus jeune âge : « A la crèche nous payons le même prix à la journée qu’un enfant qui prendra un repas fourni par la crèche, aucune déduction n’est faite pour le repas et le goûter non consommé ! » témoigne, Noémie.
Faire ou ne pas faire, telle est la question !
Si aujourd’hui des solutions existent grâce au fameux PAI, le fossé avec d’autres pays européens reste immense !
En Espagne, par exemple, où des décrets nationaux ont été votés, les cantines s’adaptent et proposent des menus sans gluten. Et pour cause, les plats sont préparés en interne, contrairement en France où beaucoup d’établissements font appel à des fournisseurs extérieurs… « Comparé à l’Espagne, la France est vraiment en retard sur le sans gluten, ce qui ne facilite pas la vie des malades », s’exaspère Angélique, dont la fille a fait sa rentrée en septembre.
Il y également la crainte des contaminations croisées.
De quoi s’agit-il ? Que le repas sans gluten soit par exemple réchauffé dans une casserole qui a vu passer des pâtes de blé jute avant, ou que des miettes de pain puissent tomber dans l’assiette de l’enfant, ou que ses camarade lui fassent goûter un gâteau… Bref tous ces risques qui peuvent être source de stress pour les parents et les enfants.
Le travail de sensibilisation des associations
En plus du travail de l’AFPSSU, l’AFDIAG (l’Association Française des Intolérants au Gluten) tente depuis plusieurs années d’initier les restaurateurs à la composition de menus de substitution.
Fin 2013, l’association a lancé l’opération « Cuisiner sans gluten en collectivité ». Un guide à destination de la restauration collective a été publié à 20 000 exemplaires et distribué un peu partout en France, notamment à l’attention des mairies.
« Nous voulons montrer aux restaurateurs que servir des repas sans gluten n’est pas si compliqué », explique Catherine Remilleux- Rast, ex vice-présidente de l’association. « Il suffit déjà de remplacer certains ingrédients comme les pâtes, par du riz, de mettre la sauce à part et de suivre certaines règles du pack hygiène pour éviter tout risque de contamination. » Et le budget est loin d’être une excuse : « Toute action différente de la norme est difficile à mettre en route, au début du moins, mais, sans fournir de produit spécifique, ça ne coûte pas forcement plus cher ».
Vous avez mis en place un PAI sans gluten pour votre enfant et voulez témoigner ? Racontez-nous votre expérience en commentaire !!
Cet article a été publié le 21 septembre 2015 et a depuis été mis à jour par l’équipe.
La photo de couverture est signée : ©Patricia Prudente
COMMENTS (7)
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Daniele Gentile
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Bonjour Madame
Hier dans la journée le collège de ma fille m’a contacté pour me dire qu’elle ne pourrait plus mangé au self car elle est allergique au gluten donc la discrimination est faite plus de repas rigolos avec le copine. Elle va mangé toute seule dans une salle sans le copine. Je besoin d’aide pour me battre pour que ma fille et d’autres élèves puisse mangé sans gluten avec les copines et copain. Merci beaucoup pour votre attention
Cécile Gleize
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Bonjour Daniele,
Olalala pas cool du tout comme situation 🙁
Avez-vous contacté la direction du collège ? La mairie à ce sujet ? L’idéal serait de pouvoir en discuter avec eux pour leur expliquer les conséquences négatives pour votre fille. Tout en prenant en compte leur contraintes, vous pourrez certainement trouver une solution qui convienne à tout le monde.
Si ce n’est pas le cas, on vous recommande dans un 2nd temps de contacter l’AFDIAG ou même le Défenseur des droits pour vous aider.
Tenez-nous au courant !!
L’équipe de Because Gus