Un sujet passionne les chercheurs en neurosciences depuis plusieurs années : les relations entre notre microbiote intestinal et notre cerveau. Elles sont nombreuses, et mieux les comprendre pourrait nous aider à détecter des maladies, voire y remédier. On a interrogé Michel Neunlist, directeur de l’unité de recherche nantaise en neuro-gastroentérologie de l’institut des maladies de l’appareil digestif (IMAD) sur ce fameux axe intestin-cerveau, pour mieux le comprendre !
Qu’est-ce que l’axe intestin-cerveau ?
Michel Neunlist : L’axe intestin-cerveau concentre les moyens qu’utilise l’intestin pour communiquer avec le cerveau, et inversement.
Il existe un dialogue permanent entre ces deux organes, bien qu’ils soient physiquement séparés. Le cerveau envoie des informations à l’intestin, c’est comme ça que l’on obtient le sentiment de satiété par exemple. De même, lorsqu’on a peur, qu’on est anxieux, notre ventre se contracte.
À l’inverse, si quelque chose ne fonctionne pas bien dans l’intestin, des troubles peuvent apparaître au niveau du cerveau. Mais cet aspect bidirectionnel n’a pas encore été prouvé sur l’humain.
Dans quelles pathologies est-il intéressant d’observer ce lien entre microbiote et cerveau ?
Michel Neunlist : Dans le cas de troubles du comportement alimentaire, comme l’anorexie ou l’obésité, il semblerait qu’une dysrégulation de l’axe intestin-cerveau se produise.
De même, dans certaines pathologies ou troubles neurologiques tels que la maladie de Parkinson, l’autisme ou la schizophrénie, laissent apparaître une modification du microbiote. On ne sait pas encore lequel des deux troubles, cérébral ou digestif, est apparu en premier mais on comprend que les deux sont liés.
En renforçant la barrière du microbiote, à l’aide de probiotiques par exemple, les troubles peuvent être réduits.
Pourra-t-on un jour guérir les troubles du comportement ou les maladies du cerveau en traitant les symptômes intestinaux des patients ?
Michel Neunlist : Pas tout à fait, car la présence d’une atteinte digestive dans ces pathologies n’en est pas forcément la cause. Néanmoins, certaines études sur des modèles expérimentaux ont montré qu’en traitant le tube digestif on pouvait prévenir, voire améliorer les symptômes centraux. Mais la maladie est toujours là.
En revanche, on pourrait dépister les maladies neurodégénératives, comme Parkinson, beaucoup plus tôt grâce à l’axe intestin-cerveau, ce qui est une avancée formidable.
La maladie cœliaque provoque une atrophie des villosités de l’intestin grêle. Y a-t-il un impact sur l’axe intestin-cerveau des cœliaques ?
Michel Neunlist : Non. Cependant, comme pour la plupart des maladies digestives fonctionnelles, les cœliaques sont davantage déprimés et anxieux que la population saine quand leur intestin grêle est endommagé, à cause cet axe intestin-cerveau. Lorsqu’ils suivent un régime sans gluten, leur tube digestif va mieux, et leur cerveau aussi !
L’axe intestin-cerveau promet d’intéressants dialogues, à suivre de près… !
On remercie Fabian Docagne, dirigeant l’équipe de recherche INSERM sur la sclérose en plaques au centre Cycéron de Caen, qui nous a sacrément aidé à tout comprendre ainsi que pour ses conseils avisés !!
Cet article a été publié le 6 janvier 2017 et a depuis été mis à jour par l’équipe.
Crédits photo de couverture : ©Isabell Winter
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