L'enfance sans gluten de Delphine Malachard des Reyssiers

Physique de mannequin et sourire aux lèvres, difficile d’imaginer que l’enfance sans gluten de Delphine Malachard des Reyssiers fut chaotique. C’est pourquoi aujourd’hui Delphine témoigne et nous parle de sa maladie coeliaque.

Comment a-t-on diagnostiqué ta maladie coeliaque ?

L'enfance sans gluten de Delphine Malachard ©Delphine Malachard
©Delphine Malachard

Delphine Malachard des Reyssiers : A l’époque on ne donnait pas de lait aux bébés, mais de la farine avec de l’eau. Je régurgitais tout.

Mes parents ont vu les plus grands professeurs de Paris. Tous leur disaient que je faisais des caprices, que c’était psychologique. Ils étaient effondrés.

Jusqu’au jour où ils ont rencontré le docteur Jacob, qui avait entendu parler de la maladie coeliaque fréquente dans les pays scandinaves et au Maghreb. Il m’a sauvé la vie. Sans lui je serai morte à 8 ans car y a 40 ans, personne ne parlait de la maladie coeliaque !

Comment as-tu vécu ton enfance sans gluten ?

Delphine Malachard des Reyssiers : Toute ma famille s’est mise au régime sans gluten. Résultat : à l’âge de trois ans, je me suis enfin mise à grossir… Je suis presque devenue obèse !!

Ma mère s’est à l’époque arrêtée de travailler pour s’occuper de moi. Elle s’est transformée en véritable cordon bleu du sans gluten car j’étais interdite de cantine à l’école. Elle allait au marché tous les jours pour faire le plein de produits frais. A l’époque, c’était très difficile de trouver du sans gluten !

Dirais-tu que l’enfer c’est les autres quand on vit une enfance sans gluten ?

L'enfance sans gluten de Delphine Malachard / 3
©Editions First

Delphine Malachard des Reyssiers : Aujourd’hui, j’avoue que le plus dur dans mon enfance sans gluten était le regard des autres. Pas celui des enfants, mais des adultes.

Lorsque j’étais invitée à des anniversaires, ma mère me confectionnait des meringues que j’amenais, mais les parents ne comprenaient pas toujours. Par exemple, quand on allait au restaurant, mon père commandait une tarte aux fraises. Lui mangeait la pâte, moi les fraises, ce qui arrangeait tout le monde ! Mais ceux qui ne savaient pas disaient que j’étais mal élevée…

Et ça m’énerve encore aujourd’hui quand j’y repense !! Il pouvait y avoir beaucoup de jugement.

NDLR : C’est d’ailleurs pour changer ce regard sur le sans gluten qu’on se mobilise du 14 au 16 mai 2021 pour les Journées du Sans Gluten !

Comment fais-tu pour aider les sans gluten au quotidien ?

L'enfance sans gluten de Delphine
©Delphine Malachard des Reyssiers

Delphine Malachard des Reyssiers : Je suis marraine de l’AFDIAG, l’Association Française des Intolérants au Gluten. Je n’hésite jamais à parler de l’association et de la maladie quand on m’interviewe.

Je suis comédienne et professeur d’anglais, mais également l’auteure de plusieurs livres très pratiques pour les sans gluten. Il y a Une vie sans gluten Edition Tchou, le corps à vivre, préfacé par Christophe Cellier. Et La cuisine sans gluten des paresseuses aux Éditions Marabout Paris sans gluten paru aux Editions First

Enfin, je viens de lancer ma chaîne de recette sans gluten sur Youtube : Vite, une recette! By Delphine. J’y poste régulièrement des vidéos et de temps en temps, je propose même des recettes sans lactose et vegan !

Tu as été élue aux dernières municipales, es-tu la seule coeliaque au sein du Conseil de Paris ?

Delphine Malachard des Reyssiers : Avec la crise sanitaire on ne peut plus autant rencontrer les gens et discuter donc c’est difficile à dire…

L'enfance sans gluten de Delphine Malachard des Reyssiers
©Delphine Malachard des Reyssiers

Mais je parle de mon intolérance au gluten autour de moi. Au sein de l’équipe municipale, tout le monde est au courant et au Conseil, quelqu’un est même venu me dire qu’il avait acheté un de mes livres de cuisine sans gluten il y a plusieurs années ! On dirait que c’est assez tabou, qu’il y a des préjugés, donc j’explique ce que c’est à chaque fois que j’en ai l’occasion.

Le sans gluten ne fait cependant pas partie de la mission, car en plus de ma casquette de conseillère de Paris, je suis élue du 8ème arrondissement, déléguée aux affaires scolaires. Je sensibilise donc les gens progressivement et en 6 ans, la durée de mon mandat, j’espère que le sans gluten ne fera plus de mystère au sein du Conseil !

Cet article a été publié le 8 février 2015 et a depuis été mis à jour par l’équipe.

La photo de couverture est signée : ©Delphine Malachard des Reyssiers


A PROPOS DE L'AUTEUR

Virginie Ledoux