Les femmes et le gluten : la faute à qui ? ©Ethan Sexton

Dans la liste des nombreuses questions associées au gluten, en voilà une qui satisfait, en plus, notre petit côté féministe : pourquoi la maladie coeliaque toucherait-elle plus les femmes que les hommes ? Les femmes et le gluten, c’est vraiment tout une histoire ! D’où nous sort cette injustice naturelle ? Et le premier qui nous parle d’Eve et du péché originel…

L’avis du pro sur les femmes et le gluten

Pour y répondre, petit entretien avec le Professeur Jean-François Bretagne, gastro-entérologue à l’hôpital Pontchaillou de Rennes et membre du comité médical de l’AFDIAG (Association Française Des Intolérants Au Gluten). “L’intolérance au gluten a effectivement une prédominance féminine, confirme l’expert sans montrer le moindre début d’étonnement. C’est un élément clair qui ressort des études épidémiologiques. » De fait, la maladie touche deux à trois fois plus de femmes que d’hommes.

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On prend le taureau par les cornes ©Mallory Johndrow

Quant à l’explication, elle est toute simple : l’intolérance au gluten faisant partie des maladies auto-immunes, elle répond aux mêmes règles qui les régissent… Dont celle d’être plus présentes chez les femmes. Du coup, bis repetita : pourquoi donc cette différence entre homme et femme dans les maladies auto-immunes ?!

Et là, les choses sont plus incertaines. “On ne sait pas trop…, avoue le professeur Bretagne. L’influence des hormones féminines, qui aurait pu être la cause, n’a pas été clairement observée. Mais c’est vrai que c’est une bonne question…”

Les femmes et le gluten, une histoire qui dure

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La faute à pas de chance ? ©Timon Studler

Tentant de rétablir l’égalité homme/femme, on demande au professeur si la même prévalence féminine existe pour la sensibilité au gluten, qui, n’étant pas une maladie auto-immune, ne devrait donc pas respecter cette fâcheuse règle.

Tout d’abord, il faut bien comprendre que ce concept de sensibilité, très récent, est assez flou. On serait dans un chevauchement avec les troubles fonctionnels intestinaux, ou un problème de surconsommation de sucres fermentiscibles (les fameux FODMAPs)… Or le fait est que dans ces troubles, les femmes sont également plus touchées !

Mais sont-elles vraiment plus atteintes ou ont-elles juste plus tendance à s’intéresser à leur bien-être et à ce qui se passe dans leur assiette ? “ Selon moi, les femmes ne viennent pas plus facilement voir leur médecin. Elles sont plus sensibles, c’est certain. Qu’elles consultent ou pas, elles sont plus nombreuses à souffrir de ce genre de troubles.« 

Bref, une sorte de manque de pot pour les femmes et le gluten !

Cet article a été publié le 11 février 2015 et a depuis été mis à jour par l’équipe.

Crédits photo de couverture : ©Ethan Sexton


A PROPOS DE L'AUTEUR

Clémence Lesacq

Née en 1990, Clémence est journaliste et auteur pigiste, diplômée du centre universitaire d'enseignement du journalisme (Cuej) de Strasbourg. Elle a fait ses premières armes de journaliste au journal L'Alsace puis dans les rédactions de Libération et du Figaro. Amoureuse d'écriture, elle est lauréate en 2014 du prix jeunes écrivains "Libé-Apaj-Tara". Ses thèmes de prédilection : Société, environnement et fooding. Grande amatrice de Running, elle espère achever un marathon pour ses 30 ans !